Expression de ZAP-70 par les lymphocytes B non tumoraux : une nouveau mécanisme de rupture de tolérance B ? Résultats préliminaires in vivo - 06/06/18
Resumen |
Introduction |
L’expression anormale de ZAP-70 par les lymphocytes B (LyB) tumoraux dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC) est un facteur pronostique péjoratif [1 ] et est associée à la survenue de cytopénies auto-immunes (CAI) [2 ], ces dernières étant par contre dues à des immunoglobulines (Ig) polyclonales issues des LyB non tumoraux. Des données de notre laboratoire montrent qu’une fraction des LyB non tumoraux des patients atteints de LLC ZAP-70+ exprime également anormalement ZAP-70, avec une corrélation positive du niveau d’expression entre les LyB non tumoraux et tumoraux et la survenue de CAI. D’autre part, quelques rares données montrent que l’expression de ZAP-70 peut aussi s’observer dans des LyB non tumoraux issus de patients sains [3 ]. Toutefois, la signification fonctionnelle de l’expression de ZAP-70 par les LyB non tumoraux reste totalement inconnue, notamment son rôle dans la rupture de tolérance B et son caractère pro-oncogénique.
Matériels et méthodes |
Afin d’étudier les conséquences fonctionnelles de l’expression de ZAP-70 dans les LyB in vivo, un modèle murin double transgénique knock in ZAP-70+/Mb1-Cre+ a été créé, permettant l’expression conditionnelle de ZAP-70 dans les LyB dès le stade proB. Les souris porteuses du transgène Zap-70 mais ne l’exprimant pas (Mb1-Cre -) ont été utilisées comme contrôles (CTRL). Un immunophénotypage B complet a été réalisé à 16 semaines. Des numérations formules sanguines ont été réalisés tous les 2 mois jusqu’à l’âge de 22 mois, à la recherche d’une lymphocytose et/ou de cytopénies. L’activation des LyB a été étudiée in vitro sous différents stimulis. Enfin, la production d’immunoglobulines (Ig) et la réponse anticorps in vivo a été analysée par Elisa à l’état basal et après immunisations.
Résultats |
À l’état basal, l’intensité d’expression de ZAP-70 dans les LyB était inversement corrélée à l’apoptose des progéniteurs proB (p=0,008), préB (p=0,01) et B immatures (p=0,01). En périphérie, il était observé un excès de LyB immatures (p=0,003), un déficit en LyB naïfs (p=0,001), en LyB matures switchés (p=0,002) et une tendance pour les plasmocytes médullaires (p=0,07). Il existait une réduction marquée en LyB de type centre germinatif (p<0,001) et une hypogammaglobulinémie, observée dès M4 pour les IgG (p=0,003) et dès M6 pour les IgM (p=0,03). D’autre part, il était observé un excès de LyB de type zone marginale (p=0,01) et un défaut de B1a (p=0,008). Les titres d’IgM anti-ADN natif à M6 étaient supérieurs à ceux des CTRL (p=0,02) et positivement corrélés à l’intensité de l’expression de ZAP-70 (p=0,01). Après immunisation, il existait un retard à la production des IgG spécifiques anti-Ovalbumine à j7 et j10 (p=0,04 et p=0,02 respectivement). Les données préliminaires des stimulations de LyB spléniques triés ont révélé une réduction de l’expression des marqueurs d’activation précoce (CD69+CD86+) par anti-IgM seule (p=0,04) ainsi qu’une tendance par anti-IgM+CD40+IL4, LPS ou encore CpGDNA. Durant le suivi, aucune souris n’a développé de lymphocytose ou de cytopénies et il n’a pas été observé d’adénopathies et/ou de splénomégalie significatives au moment du sacrifice.
Discussion |
Ce travail est le premier à étudier in vivo les conséquences de l’expression de ZAP-70 par des LyB. Cette surexpression confère un possible avantage sélectif médullaire aux LyB surexprimant ZAP-70. Il existe toutefois un blocage partiel au stade immature avec réduction de la production d’Ig polyvalentes, ceci étant aussi observé après immunisation. Les LyB ZAP-70+ sont moins sensibles à la stimulation, notamment par anti-gM seule, mais aussi probablement de façon globale (analyse complémentaire en cours car manque de puissance statistique). Il existe un enrichissement en LyB potentiellement auto-réactifs (zone marginale) et un excès de production d’IgM anti-ADN natif, potentiellement favorisé par un défaut de LyB B1a, connus pour leur rôle régulateur avec sécrétion notamment d’IL-10. La surexpression de ZAP-70 dans le suivi de 22 mois de notre modèle murin n’est pas associée au développement d’un syndrome lymphoprolifératif et/ou de cytopénies, mais confère aux LyB périphérique un caractère anergique et potentiellement auto-réactif.
Conclusion |
L’expression anormale de ZAP-70 dans des LyB reproduit des anomalies classiquement décrites au cours des LLC notamment une hypogammaglobulinémie et des anomalies de tolérance B. Des analyses d’auto-réactivités sur panels antigéniques sont en cours, de même que l’étude des interactions de ZAP-70 avec les principales voies d’activation du BCR. À terme, ces données permettront de préciser l’implication de ZAP-70 dans les LyB non tumoraux et ouvrira probablement de nouvelles perspectives physiopathologiques dans la rupture de tolérance B impliquant ZAP-70.
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Vol 39 - N° S1
P. A67-A68 - juin 2018 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.
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